lundi 17 mai 2010

Les paires

Je relis le manuscrit, et me rends compte que presque tous les personnages viennent en paires, alors que, dans Autour d'eux, mes personnages étaient seuls. Ces personnages-ci le sont aussi, après tout, peut-on être autrement que seul devant la mort? Mais ce qui m'intrigue, c'est de me rendre compte que, pour écrire le 11 septembre, je suis passée par les relations des personnages avec ceux qui restent.

Ainsi, Ginny, seule dans l'escalier, croise Leah sans la rencontrer, et Leah, en retour, est transformée par la détermination de Ginny qui lui donne le courage qu'elle refuse. Phil existe dans le recueil parce que son frère le cherche, ne veut pas l'abandonner dans les décombres. Eileen, face à sa propre mort, ne voit d'autre possibilité que de contacter ceux qu'elle aime, et à défaut de rejoindre ses enfants et son mari, elle appelle son père. Ne croyez surtout pas que mes personnages voient leurs relations changées par le spectre de la mort. Ce n'est pas de cela dont il s'agit.

En fait, je ne sais pas ce dont il s'agit. Peut-être n'est-ce qu'une autre évolution de mon écriture. Peut-être est-ce seulement le sujet qui appelle cela. Peut-être aurait-il été trop lourd, trop décourageant, d'avoir une vingtaine de personnes seules, complètement seules au moment de mourir ou de souffrir.

Je sais ceci, par contre: je n'écris peut-être pas tant l'histoire du 11 septembre que l'histoire de personnages, l'histoire de Danny et de son frère, l'histoire de Melanie forcée d'expliquer à son garçon que son papa ne reviendra plus, l'histoire de Leah qui veut mourir et survit. Pas tant l'Histoire, que les personnages.

Piètre certitude.

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