Ainsi, Ginny, seule dans l'escalier, croise Leah sans la rencontrer, et Leah, en retour, est transformée par la détermination de Ginny qui lui donne le courage qu'elle refuse. Phil existe dans le recueil parce que son frère le cherche, ne veut pas l'abandonner dans les décombres. Eileen, face à sa propre mort, ne voit d'autre possibilité que de contacter ceux qu'elle aime, et à défaut de rejoindre ses enfants et son mari, elle appelle son père. Ne croyez surtout pas que mes personnages voient leurs relations changées par le spectre de la mort. Ce n'est pas de cela dont il s'agit.
En fait, je ne sais pas ce dont il s'agit. Peut-être n'est-ce qu'une autre évolution de mon écriture. Peut-être est-ce seulement le sujet qui appelle cela. Peut-être aurait-il été trop lourd, trop décourageant, d'avoir une vingtaine de personnes seules, complètement seules au moment de mourir ou de souffrir.
Je sais ceci, par contre: je n'écris peut-être pas tant l'histoire du 11 septembre que l'histoire de personnages, l'histoire de Danny et de son frère, l'histoire de Melanie forcée d'expliquer à son garçon que son papa ne reviendra plus, l'histoire de Leah qui veut mourir et survit. Pas tant l'Histoire, que les personnages.
Piètre certitude.
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