dimanche 12 octobre 2008

Peter

Pendant qu'il attrapait sa veste et qu'autour de lui, s'effaraient ses collègues de travail, il se mit à chantonner un vieux chant irlandais. Se demanda du même coup, comme si les deux avaient été liés, qu'était devenue son amie Ashleigh. Cheveux roux, peut-être teints, long visage, regard un peu creusé, mais un rire à faire défriser les plus sérieux. 

Peter se demanda pourquoi il se demandait cela. Son muffin disparaissait sous l'eau des gicleurs, et il pensait à une vieille amie, même pas une amoureuse. Il lui sembla qu'il perdait des moments précieux, qu'il aurait dû soit se sauver en courant, soit faire le point sur sa vie. 

Avant ce jour, avant ce moment qui ne ressemblait à rien de ce qu'il connaissait, Peter avait cru que lors des moments importants, seuls les éléments importants restaient dans la pensée. Oui, il lui avait semblé que ce n'était qu'alors, lorsque cela comptait, que toutes les connaissances futiles, les émotions malsaines, les désirs cachés, les informations totalement caduques, tout cela s'effaçait. Et qu'alors, il aurait eu, devant lui, à portée de main, un tableau complet, concis de sa situation. Et qu'il comprendrait. 

Mais en chantonnant Auld Lang Syne, Peter comprit qu'il ne comprenait toujours rien. Et surtout pas où les amis allaient, lorsqu'ils disparaissaient de son existence. 

Il se dirigea vers l'escalier.