jeudi 18 septembre 2008

Eileen

D'abord le bruit. Puis plus rien. Pratiquement encastrée sous son bureau par les débris, Eileen s'étonna du silence. Elle n'entendait ni alarme, ni gicleur, ni cris. Elle percevait plus qu'elle entendait sa propre respiration. Elle passa la main sur son chemisier, et découvrit qu'il était humide. Elle ne se demanda pas s'il s'agissait de sang ou d'eau. Ou si son café avait taché ce chemisier acheté la veille. Elle s'était sentie comme une gamine le premier jour d'école. Comme sa fille, Meredith, debout tôt le matin avec son chandail tout neuf, rouge vif, le sac déjà au dos, prête à partir dès 6h. Depuis la rentrée, Meredith était toujours prête trop tôt. Elle avait hâte, hâte de retrouver ses bâtons de colle, ses crayons de couleur et ses amis. Hâte de jouer dans la cour d'école, hâte de revenir le soir pour raconter ce qu'elle avait vu et appris. Eileen pensa à Meredith, alors qu'elle essayait d'entendre si, autour d'elle, quelqu'un bougeait. 

Elle ne se demanda pas si elle allait survivre. Elle était là, avec son chemisier blanc et sa carte d'identité qui remontait contre ses côtes. Le moment n'était pas propice aux questions existentielles.

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