C'était un bon plan de match. Une façon non pas de jouer en terrain sûr, mais plutôt de me maintenir constamment dans le déséquilibre de l'absence de distance. Rester au plus près des quelques minutes entre le premier avion et le dernier effondrement devait me permettre de tracer mon propre 11 septembre, peut-être. Ou plutôt de le dégager de tous ces discours qui finissent par parasiter ce que l'on en sait, tellement ils parlent fort et travaillent à réduire les possibilités de la nuance. Et je tiens à la nuance, surtout devant un tel sujet, parce que sans la nuance, sans des personnages multidimensionnels, je risque de sombrer dans l'hagiographie. Et cela, la littérature du 11 septembre n'en manque pas, il n'est besoin que de penser à ce qui a été fait autour du vol 93 et du "Let's Roll" de Todd Beamer.
Alors où est le problème? Le problème est que, peut-être par manque de temps pour vraiment me plonger dans les nouvelles, peut-être parce que quelque chose dans leur projet a dérapé, je n'arrive plus à écrire. Ou plutôt, j'écris, mais j'écris autour, avant les avions, comme si je devais de plus en plus me reculer afin de voir quelque chose. Ou alors comme si, j'en ai déjà parlé ici, je résistais de plus en plus à mettre mes personnages dans ce foutoir.
Je n'ai pas de réponse, ce soir (en ai-je jamais??), mais je compte beaucoup, peut-être à tort, sur mon prochain séjour à New York pour retrouver mes nouvelles et ce projet dont j'aimerais la fin, ou du moins apercevoir, loin devant, quelque part, le point d'arrivée. Ou alors, perdre l'impression que je l'ai égaré en cours de route...